Kamel Belmerabet

L’importance de la relation dans la thérapie

L’importance de la relation dans la thérapie

Dans le domaine de la psychologie clinique, un consensus émerge quant à l'importance fondamentale de la relation thérapeutique dans le processus de guérison et de croissance personnelle. Cette reconnaissance croissante s'inscrit dans un mouvement où la qualité relationnelle entre le thérapeute et le patient joue un rôle central dans la guérison.

En effet, je considère que ce nouveau paradigme, dans l'approche de la thérapie, met en lumière l'importance du transfert et du contre-transfert dans une thérapie.
On entend par transfert, le processus par lequel, le patient déplace sur son analyste des sentiments, des idées, etc. qui viennent des personnages de son passé. Et, on entend par contre-transfert, le processus par lequel, l'analyste projette ou ressent des sentiments, pensées en direction du patient.

c9703c467e3b2c27a81a3ba04ad89677-en-therapie-serie-dramatique-programme-tv

Pour l'Analyse Transactionnelle, la thérapie se situe de plus en plus « dans une perspective relationnelle », pour reprendre les termes des auteurs transactionnalistes telles que H. Hargaden et C. Sillsii , qui placent l’analyse des « vécus relationnels », aussi bien du côté des patients, que des thérapeutes, comme modèle relationnel de psychothérapie.
Cette approche a pris de l’importance dans les publications à partir des cas cliniques observés. En effet, le profil du client typique et sa souffrance ont évolué vers des troubles anxieux, des troubles dits "du sens de soi »iii

En quoi; la prise en compte de l'importance de la relation en thérapie, garantit-elle un meilleur accompagnement en thérapie des personnes ?

A partir de ma pratique et des ouvrages cités en référence, je me propose de répondre brièvement sur un sujet aussi vaste, en trois axes :

Dans ma pratique, j’attache particulièrement de l’importance à ce « tissage » relationnel que je tente de mettre en avant dès les premières séances.




  1. Tout d’abord, la relation entre le thérapeute et le patient doit être basée sur la confiance et la sécurité. Le patient doit se sentir suffisamment en confiance pour partager des aspects intimes et souvent douloureux de sa vie. Cette relation de confiance permet au patient de s'ouvrir, d'explorer ses émotions et ses pensées sans crainte de jugement. Ce qui est essentiel pour le processus thérapeutique. Ce sentiment de sécurité repose sur la manière d’accueillir l’autre dans sa différence. La manière de poser le cadre du travail thérapeutique. Il requiert une attention particulière pour faciliter la relation. A défaut, l’alliance restera fragile et propices aux interprétations qui entretiendront de la fragilité dans le lien. Mieux vaut explorer ensemble les conditions qui favorisent cette confiance et cette sécurité.




  2. Par ailleurs, la relation thérapeutique offre un cadre de soutien. Celui-ci offre au patient une expérience nouvelle, où il se sent écouté et compris. Le thérapeute valide les sentiments et les expériences du patient, ce qui peut aider à diminuer la souffrance émotionnelle et à renforcer l'estime de soi.
    Ce soutien, peut prendre la forme d’une approche qui vise à promouvoir des comportements rassurants et contenants. Dans cette optique, le thérapeute peut aussi choisir d’utiliser la technique de « reparentage », surtout utilisée dans la thérapie dite des schémasiv , pour donner une assurance de l'acceptation inconditionnelle des comportements, pensées et sentiments du patient.
    Au-delà des outils et techniques d'interventions , offrir un cadre de soutien permet au patient de surmonter des «modèles de pensées et de comportements inadaptés dans son quotidien », qui l’amène à vivre des expériences négatives. La posture d’écoute relationnelle permet également d’explorer des zones où les sentiments d’incertitudes, d’anxiété, de confusions sont accueillis sans jugement. Cette approche aide ainsi le patient à développer de nouvelles perspectives et d'explorer ensemble des solutions possibles dans un environnement empathique.






  3. Enfin, la qualité de la relation thérapeutique peut grandement influencer la capacité du patient à réaliser des changements positifs. En mettant l’accent sur la dynamique de l’échange, le thérapeute peut proposer au patient de voir ensemble comme, en séance, les choses sont dites, ou au contraire, ne sont pas dites. Voir aussi en quoi, le patient peut faire des liens, entre ce qui se passe dans le cabinet lors des séances, et ce qui fait écho, dans son histoire familiale. Le contre-transfert du thérapeute devient justement une sorte de « radar » qui, avec l’aide des supervisions, donne des informations importantes sur les objectifs du travail thérapeutique.



Cela peut prendre un certain temps avant de trouver ensemble le bon accordage relationnel. C’est d’ailleurs, un processus qui fluctue au gré des ressentis qui accompagnent le patient au cours des séances. Je l’invite à pendre le temps de m’indiquer quelle est la bonne distance selon lui, au fil des séances. L’important est de créer un climat positif pour permettre au patient d'adopter de nouveaux comportements, pour changer progressivement ses croyances et prendre conscience de ses ressources nouvelles.

L’ensemble de ces points illustre, l’importance cruciale de tenir compte plus particulièrement de la relation entre le thérapeute et le patient.
Cette relation qui évolue au fil du "temps thérapeutique" se révèle à deux. Il est nécessaire de voir les éléments favorables à une synchronisation des paroles, de l'observation et des corps en présence. C'est une véritable "danse" qui s'apprend ensemble.
Etre attentif au rythme facilite l’expérimentation de nouvelles bases de vécus relationnels, pour améliorer sa manière de vivre avec soi, avec les autres et dans la vie.

  1. i : Norcross, J. C. (2011). Psychotherapy Relationships That Work: Evidence-Based Responsiveness. Et Horvath, A. O., Del Re, A. C., Flückiger, C., & Symonds, D. (2011). Alliance in individual psychotherapy.

  2. ii : « Analyse Transactionnelle, ne perspective relationnelle ». Helena Hargaden et Charlotte Sills. in édition AT-2006

  3. iii : H. Hargaden et C. Sills, p.10

  4. iv : Young, J. E., Klosko, J. S., & Weishaar, M. E. (2020). Schema Therapy: A Practitioner's Guide.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *